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Un millésime 2018 prometteur

La semaine des Primeurs va animer la place de Bordeaux du 1er au 4 avril. Ronan Laborde, président du groupe Clinet et de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, décrypte ce moment fort de la vie bordelaise.

L’effervescence commence à agiter la place de Bordeaux. Du 1er au 4 avril, c’est la semaine de ventes en primeurs qui attire les professionnels de la distribution. Ils seront 6 000, dont 2 500 étrangers : Européens (Belges, Anglais, Suisses…) des états-Unis, Hong-Kong, Chine… à venir goûter le millésime 2018. Avant eux, dès mercredi 27 mars, négociants et courtiers les ont précédés, soit 600 à 700 personnes rassemblées au palais de la Bourse. Le lendemain, une cinquantaine de journalistes, de 16 nationalités différentes, vont eux aussi apporter les fameuses notes attribuées aux châteaux. « Sur les 134 membres de l’Union des Grands Crus que nous représentons », commente le président Ronan Laborde, « 120 châteaux participent aux primeurs cette année, soit environ 300 crus. Si vous soustrayez ceux qui ont été impactés par la grêle ou les rares qui réservent leur production pour la propriété, on approche un taux de participation de 100 %. » 

Pourquoi les primeurs attirent-ils toujours autant les professionnels du vin ? Ce système, très typique de Bordeaux, permet de réserver au printemps suivant la récolte les vins dont l’élevage n’est pas encore terminé. Les crus dégustés proviennent donc du millésime 2018, qui sera livré d’avril à la fin de l’année 2020. L’avantage pour les négociants est la disponibilité des bouteilles qu’ils réservent, ainsi que leur prix attractif. L’autre avantage, pour les propriétaires cette fois, est d’encaisser une avance sur leur production, plusieurs mois avant la livraison. Ainsi, on considère que les châteaux consacrent en moyenne 50 % de leurs ventes aux primeurs, un chiffre qui peut aller bien au-delà. « L’essentiel, soit 95 %, de notre mise en marché se fait sur les Primeurs », souligne Ronan Laborde, qui est aussi président du groupe Clinet (Pomerol).

Relancer l’économie dans un contexte perturbé

Avec les mouvements sociaux des derniers mois, le contexte économique est loin d’être serein. Et pourtant, les primeurs s’annoncent bien selon les professionnels. Les chiffres de vente restent dynamiques. « Le montant des ventes à l’export, qui concentre les livraisons des millésimes 2015 et 2016, s’est élevé à 1,3 milliard d’euros en 2018, ce qui en fait la 2ème meilleure année après 2012 », remarque Ronan Laborde. Et les indicateurs en termes de qualité sont tout aussi favorables. Après des années marquées par la prédominance de Robert Parker (Wine Advocate), les critiques sont aujourd’hui plus atomisées. Même s’il en reste quelques-uns plus influents. Ainsi, chacun peut s’identifier à un palais. Après un millésime 2017 hétérogène, le 2018 s’annonce tout à la fois gourmand, puissant, de grande garde, « même si ces vins ont une appétence à ne pas être bus trop tard », comme le précise Ronan Laborde. De belles perspectives en vue pour les vins de Bordeaux.