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Stéphanie Forax présidente polyvalente

Double cursus, polyvalence, diversité, Stéphanie Forax, présidente du tribunal judiciaire de Libourne, aime apprendre, multiplier les expériences professionnelles, occuper toutes les fonctions.

Stéphanie Forax a choisi la magistrature pour s’engager dans l’action publique. « Ça a été une démarche naturelle, » souligne-t-elle, « pour protéger les libertés fondamentales et préserver le bien vivre ensemble. » Toutefois, elle prévient : « l’autorité est un régulateur, mais en dernier recours ». La (jeune) présidente du tribunal judiciaire de Libourne a commencé ses études de droit à Bordeaux, tout en suivant un double cursus à l’IEP, elle part ensuite à Paris pour valider un master en sciences politiques et entre à l’ENM, promotion 2000. « Une double formation intellectuelle est plus enrichissante », remarque-t-elle. Pendant ses études, elle suit aussi des stages auprès des huissiers, des avocats, une vraie richesse de la magistrature, selon elle, qui permet cette polyvalence. De la même manière, pour sa première affectation, elle est nommée substitut du procureur de Châteauroux. « La richesse de notre corps, c’est de pouvoir passer du Parquet au Siège et de découvrir les leviers d’action et contraintes des différents acteurs. » Elle sera ensuite juge d’instruction dans plusieurs juridictions, puis à la direction des affaires criminelles et des grâces, avant d’intégrer la direction des services judiciaires. Au fil de ces différentes expériences, elle apprécie tout particulièrement le travail d’équipe, « une démarche constructive ».

Sa fonction permet d’aller au cœur des intimités, même si cela est parfois difficile, surtout quand ça touche les enfants. « On prend beaucoup d’émotion », cela implique de prendre du recul. Quand on lui demande ce qu’elle aime le plus dans son métier, elle répond naturellement sa diversité. « Je ne veux pas rester enfermée dans une activité donnée. J’aime la proximité avec le personnel, mais également avec les justiciables. Ma fonction conjugue ce double aspect : stratégique et opérationnel. » Cette polyvalence, elle la rencontre au quotidien au tribunal de Libourne dont elle est présidente depuis octobre dernier : « il faut associer le fait d’être un chef de juridiction et le juridictionnel. Cela implique de gérer en même temps le contact humain, dont j’ai besoin, la bureaucratie, qui est nécessaire, avec l’activité juridictionnelle ». Et comme cela ne suffit pas, elle est également chef d’établissement. En cette période de gros travaux, c’est elle qui est chargée de suivre leur avancement et d’assurer la sécurité. « Au milieu de tout ça, j’essaie de trouver un peu de temps pour moi » avant de se reprendre « mais ce n’est pas tout à fait vrai car mon souhait c’est d’être toujours disponible pour faire avancer les choses. » Un chef de juridiction doit être à l’écoute !