Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Petrusse : l’étole change de main

C’est Florence Lafragette, bien connue dans le milieu du vin, qui vient de racheter la célèbre marque d’étoles créée par Petrusse Reijnen.

Lorsque Florence Lafragette est partie faire ses études, sa mère leur a offert, à elle et sa sœur, une étole Petrusse. La jeune femme était loin de se douter que quelque 20 ans plus tard, elle rachèterait la marque. « Petrusse s’est toujours inspirée de la nature et on continue de même », déclare Florence Lafragette qui souhaite une transmission en douceur. « J’ai toujours adoré ces foulards et étoles, pour moi cette reprise a du sens. » Bordelaise bien connue dans le milieu du vin – son père a lancé le cocktail Alizé qui a défrayé la chronique Outre-Atlantique dans les années 90 avant de racheter plusieurs châteaux, dont Loudenne dans le Médoc – Florence Lafragette se destinait dans un premier temps à devenir avocate. Ironie du sort, c’est lors d’un stage en rapport avec ses études de droit, dans la Napa Valley, qu’elle a le déclic. « J’ai découvert le vin en Californie, un comble pour une 6e génération de viticulteurs ! », s’amuse-t-elle. Très vite, elle prend la tête des trois châteaux familiaux. « Au fond, je savais que ce n’était pas ma voie, mais je me suis vite prise au jeu. » Elle a envie de faire bouger les lignes, d’ouvrir au public, de faire du vin un produit plus convivial. En cela, elle innove en créant les Médocaines avec trois autres femmes propriétaires. Pourtant, après quelques années assez remarquées, elle change subitement de voie. « J’ai appris que l’Oréal recherchait des profils atypiques, alors j’ai candidaté. » La voilà chargée de communication et de marketing digital pour la marque Helena Rubinstein. Et là encore, elle se prend au jeu ; c’est plus qu’un budget, presque une rencontre avec cette géante des cosmétiques qui a révolutionné le rapport de la femme au maquillage. La personnalité de cette femme forte la poursuit d’ailleurs car, lorsqu’elle rejoint la fondation l’Oréal, son idée est de lancer un programme de soins cosmétiques pour les femmes dans la précarité. Malgré des satisfactions, ce n’est toujours pas sa voie, alors Florence, rattrapée par l’envie entrepreneuriale, le virus familial, a envie de se consacrer à une nouvelle aventure. 

UNE JOLIE MARQUE QUI A DU SENS, UN CAPITAL CULTUREL AVEC DES VALEURS

Elle recherche une jolie marque qui a du sens, un capital culturel avec des valeurs. Petrusse de son côté vient de fêter ses 20 ans d’activité. Cet anniversaire marque un cap, l’aboutissement d’un cycle. Entre les deux femmes, la rencontre est une affaire de personnes, de transmission. Les négociations sont fluides et Florence Lafragette finit par racheter l’ensemble de la marque, le siège à Mauriac (Langon) et les boutiques, une partie en son nom, une autre avec sa famille.
« Le château Mauriac dans le Sauternais a fait écho à mon passé. » Maman d’un petit garçon de 5 ans, elle partage désormais son temps entre sa famille installée à Paris et trois journées par semaine qu’elle passe le plus souvent au château : « J’écoute beaucoup les commentaires des clients et des équipes sur les matières, les dimensions, les couleurs ». Elle, qui a toujours été partagée entre deux chemins, un créatif et un entrepreneurial, a le sentiment d’avoir trouvé sa voie. Elle a pu mettre sa patte sur la collection été 2020, mais ses premières vraies créations sont prévues pour l’automne hiver 2021. « J’essaie d’exprimer et de valoriser une marque qui me ressemble. » Elle reste dans son identité en sollicitant toujours les partenariats avec les musées (comme Nymphea et le musée de l’Orangerie) ou encore l’œuvre collective avec les danseurs de l’Opéra de Bordeaux, avec des artistes tels que Rodolphe Martinez, ou encore avec des créatrices telles que Louise Dagorne. « J’ai toujours aimé ces tissages uniques », se plaît à évoquer la dirigeante, « ces grands classiques twistés avec des couleurs contemporaines. » Réinventer ou poursuivre le flambeau, il semblerait que Florence Lafragette ait finalement trouvé une voie qui l’a menée à ses racines.