Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Déconfinement en Gironde, 11 mais…

On l’attend, le 11 mai date du déconfinement arrive enfin. Mais… entre gestes barrière et distances de sécurité, la vie ne sera - pas encore - comme avant.


On le dit progressif, raisonné, géographique… Bref on l’aura compris, le déconfinement aura demandé bien des préparations et des précautions. La préfète de Gironde, Fabienne Buccio, n’a d’ailleurs pas hésité à le qualifier de « confinement autrement ». Ainsi, lundi 11 mai, écoles, commerces non alimentaires, entreprises vont réouvrir leurs portes… Mais ! 

Transports : port du masque obligatoire ?

Côté transports, dès le 11 mai, plus de 70 % du trafic sera assuré de 5 heures à 22 heures sur toute l’agglomération bordelaise. L’offre devrait passer à 85 % du trafic habituel au 25 mai, et à plus de 90 % le 14 juin a assuré Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux Métropole, en charge des transports. Une centaine de personnes seront déployées dans les stations pour orienter le public, et des équipes volantes seront dépêchées pour désinfecter tout au long de la journée bus et tram. Comme on le sait, le port du masque est obligatoire dans les transports, il le sera également, c’est le choix de la métropole, dès la station de bus et de tramway. Le télétravail est tout de même encore largement encouragé, ainsi que les horaires décalés pour éviter des moments de trop gros afflux ; « Actuellement nous sommes à 35 % du trafic habituel pour 10 % de fréquentation, soit 50 000 personnes. Nous espérons passer à 30 %, soit 150 000 personnes par jour », a déclaré Christophe Duprat. « L’offre c’est la sécurité », a de son côté renchéri Patrick Bobet, président de la métropole. 

Écoles : cantines demi-tarif 

De son côté, le maire de Bordeaux a confirmé que les écoles ouvriront bien leurs portes. « Il faut voir le nombre d’enseignants présents », a précisé Nicolas Florian. Les enfants des personnels soignants seront toujours prioritaires. La restauration scolaire (à demi-tarif !) et la garde péri-scolaire seront assurées selon de nouvelles modalités. 

La ville autrement

Les commerces non alimentaires vont également ouvrir avec toutes les mesures barrière préconisées. Les centres commerciaux de plus de 40 000 m2, tels que Bordeaux-Lac, Mérignac Soleil ou Rive d’Arcins, sont pour l’instant sous le coup de l’interdiction, mais des demandes de dérogation doivent être adressées à la préfecture. Plus chanceux, le centre commercial de Saint-Médard-en-Jalles, de moins de 40 000 m2, n’est pas frappé par l’interdiction, tout comme la galerie de Mériadeck ; « Il faudra organiser un cheminement des flux, un filtrage et le port du masque obligatoire », a estimé le maire de Bordeaux. Celui-ci s’est positionné pour un port du masque obligatoire dans les jardins, sur les quais (réouverts !) ainsi que dans les zones d’affluence telles que la rue Sainte Catherine, le cours de l’Intendance ou Alsace-Lorraine. « Il y a une obligation réglementaire à équiper toutes les entreprises en gel hydroalcoolique et masques », a rappelé Nicolas Florian, un dossier suivi de près par la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers. 

Plages ouvertes le 2 juin ?

Pour la réouverture des plages, on attendra, même si plusieurs maires la demandent. Il faut dire que côté espagnol, elles sont de nouveau accessibles, mais les images des plages prises d’assaut par les promeneurs, joggeurs et autres surfeurs non masqués n’ont pas plaidé pour leur cause ! Nous voilà renvoyés à l’éventualité du 2 juin si tout se passe bien : « Il faut un déconfinement progressif et adapté », a plaidé la préfète de Gironde Fabienne Buccio. Celle-ci avait d’ailleurs une réunion de préparation avec les sous-préfets, les maires de 20 communes concernées et la DDTM (Direction Départementale des Territoires de la Mer) lundi 4 mai. « Les maires ont déjà beaucoup travaillé et ont des plans très précis pour trouver des solutions. Ils ont une attitude très positive et pragmatique », a déclaré la préfète. 

« NOUS SOMMES LA RÉGION LA MOINS TOUCHÉE PAR LE COVID-19 MAIS LA DESTINATION LA PLUS PRISÉE », ALAIN ROUSSET

Destination la plus prisée

Il faut dire que cela représente un enjeu important en Nouvelle- Aquitaine où le tourisme représente 9 % du PIB régional ; « Nous sommes la Région la moins touchée par le Covid 19 mais la destination la plus prisée », a remarqué le président de la Région Alain Rousset. « Va-t-on réouvrir les grands sites et comment ? », s’est-il notamment interrogé. S’il a plaidé pour une réouverture maîtrisée, le président s’est également prononcé pour saisir l’occasion d’une réflexion sur l’innovation et la transition écologique. Le président a livré deux soucis majeurs que sont le sort des saisonniers et de l’apprentissage. Le devenir du tourisme durant la période estivale inquiète les professionnels. Mais tous les acteurs de ce secteur sont d’accord : la guerre des destinations n’aura pas lieu. Face à tant d’incertitudes, l’hôtellerie reste aussi en attente. S’ils sont restés ouverts, les hôtels ont vu leur fréquentation s’effondrer, sans touristes et visiteurs confinés, et sans tourisme d’affaires, les séminaires et congrès ayant été annulés jusqu’à l’automne. 

Des masques visières dans les restaurants

Quant aux cafés, bars et restaurants, eux aussi sont dans l’incertitude. « La manière dont le déconfinement va se passer à partir du 11 mai sera déterminante. Si les gens ne sont pas sérieux, nous allons en pâtir », a mis en garde Franck Chaumes, vice-président de l’Umih 33. La réouverture des cafés, bars, restaurants doit être anticipée et organisée, car leur fermeture annoncée le jour-même avait été un coup dur pour la profession. « Il nous faut environ 8 jours pour tout remettre en place : personnel et stock. Nous serons fixés à la fin du mois. Si tout se passe bien, nous pourrions ouvrir entre le 10 et le 15 juin. » Le mercredi 6 mai, un groupe de travail piloté par Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, doit proposer des barrières sanitaires propres à la restauration telles que l’utilisation pour le personnel de masques visières, de gants, gels, des distances de sécurité entre les tables, un nombre maximum de convives, etc. Pour ce secteur très sinistré, comme pour les autres, le déconfinement est une question de survie.

 

L’INDUSTRIE SOUS HAUTE TENSION

Dans le secteur de l’industrie, la situation économique est également très dure. « 64 % des entreprises sont en activité dégradée », annonce Xavier Esturgie, vice-président de l’UIMM Nouvelle-Aquitaine. Actuellement 35 % des effectifs travaillent sur site, 15 % sont en télétravail, 12 % en arrêt de travail. « 94 % des entreprises rencontrent des difficultés d’approvisionnement, 61 % de sous-traitance et 74 % de trésorerie, y compris ceux qui ont des comptes sains », poursuit le vice-président de l’UIMM Aquitaine. Parmi les plus touchés, l’industrie automobile, l’aéronautique qui va devoir recourir à des plans sociaux et les sous-traitants qui seront les premières victimes collatérales. Dans ce contexte, certains salariés reprendront à compter du 11 mai. « On est organisés », commente Xavier Esturgie, « Jurixim, le pôle juridique entrepreneurial, travaille de manière intense sur les modalités de reprise et l’organisation sanitaire. Nous avons un guide très détaillé et actualisé, avec des fiches protocoles. Nous avons commandé 4 millions de masques au national, que nous donnons gratuitement à nos adhérents. » Car plus que dans tout autre secteur, la question des masques est cruciale dans l’industrie en raison de la pénurie des FFP2 et FFP3 réservés aux soignants. « Nous faisons face à une grosse angoisse des employeurs sur des questions de responsabilité morale. » Face à toutes ces difficultés, l’UIMM propose désormais des formations à distance à ceux qui sont au chômage partiel. Autre enjeu : celui de l’apprentissage industriel. « Nous demandons que les CFA puissent accueillir des jeunes, même sans contrat, pour ne pas aggraver le chômage des jeunes, et maintenir ce réservoir de compétences », explique le vice-président de l’UIMM. « Sans marché, on perd vite les compétences. Le tissu industriel met plus de temps à se reconstituer, » conclut-il.