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17% de français victimes d’illectronisme

Dans un monde où Internet est devenu indispensable dans la vie quotidienne, de nombreux Français ne sont pas équipés ou ne disposent pas des compétences numériques de base. L’illettrisme numérique constitue un réel handicap, alors que le programme « Action publique 2022 » vise la dématérialisation des services publics à cette échéance.

D’après l’étude de l’Insee, publiée le 30 octobre dernier, 17 % de la population française souffre d’illectronisme, dont 15 % n’ayant pas utilisé Internet au cours de l’année 2019 et 2 % ne disposant pas des compétences nécessaires. En revanche, 71 % des Français se servent de cet outil presque quotidiennement, soit une augmentation de 24 points par rapport à l’année 2009.

Actuellement, la lutte contre ce phénomène de l’illettrisme numérique devient de plus en plus primordiale. Afin de rapprocher les citoyens du numérique, les inégalités matérielles doivent être supprimées et des formations continues mises à leur disposition. Les personnes concernées par ce problème sont les personnes âgées, les moins diplômés, les résidents des DOM (hors Mayotte), les couples sans enfants, les personnes qui vivent seules ou disposant d’un revenu modeste et les inactifs.

Les personnes modestes et âgées, plus touchées

Sans surprise, les personnes âgées sont les plus touchées par l’illettrisme numérique. Le pourcentage des 75 ans et plus concernés a atteint 67,2 %. Ainsi, 53 % de cette population  n’a pas accès à Internet à domicile, que ça soit sur téléphone portable, ordinateur ou tablette. À l’instar des septuagénaires, 34 % des personnes ne possédant pas de diplôme ou dotées uniquement d’un certificat d’études primaires ne sont pas équipées en Internet. Même constat pour les Français issus d’un milieu modeste (16 %). En comparaison  avec les ménages avec enfant, les personnes seules seraient plus de 6 fois moins équipées  et  les couples sans enfant 3,3 fois moins. Côté usage, 64 % des 75 ans et plus et 41 % des non-diplômés ne se sont pas connectés, au cours de cette année, précise l’Insee.

La situation professionnelle des citoyens joue également. En se référant à l’étude, les actifs âgés de 18 à 64 ans sont généralement plus équipés que les inactifs et les chômeurs. 

Si en pratique, non-équipement et non-usage vont de pair, en revanche, le fait de ne pas s’équiper à domicile peut être un simple choix. Dans ce sens, 19 % des personnes non équipées ont justifié leur décision par leur manque d’intérêt pour Internet, 15 % ont affirmé que leur choix est dû à la volonté de protéger leur vie privée, tandis que 6 % ont déclaré qu’ils disposent d’un accès Internet à l’extérieur de leur domicile.

Manque et absence des compétences numériques 

Selon l’institut de statistique, naviguer sur Internet ne garantit pas la possession des compétences numériques de base, que sont la recherche de l’information, la communication, la résolution des problèmes (accéder à son compte bancaire, copier des fichiers…), mais aussi l’utilisation des logiciels. En effet, 38 % des utilisateurs ne disposent pas d’au moins une des compétences citées, alors que 2 % des personnes connectées n’en ont aucune dans le numérique.

Le manque de compétences fait d’ailleurs partie des principales raisons d’absence d’équipement au sein des foyers français. Ce critère est cité par 41 % des citoyens non-équipés. À ce facteur s’ajoute également, le coût du matériel (32 %), mais aussi celui de l’abonnement (27 %) et, loin derrière (en particulier dans les communes rurales), l’absence d’offre haut-débit (5 %).

Les disparités territoriales contribuent également à l’augmentation du nombre de personnes touchées par l’illettrisme numérique, entre autres, les zones blanches et les écarts existants entre les communes urbaines et rurales et entre l’agglomération parisienne et le reste de l’Hexagone.